Lily Ebert, survivante de l’Holocauste devenue une sensation sur TikTok, décède à 100 ans

Lily Ebert, la survivante de l’Holocauste d’origine hongroise qui a éduqué des millions de personnes sur TikTok et qui a entretenu une amitié tardive avec le roi Charles III, est décédée mercredi à son domicile de Londres. Elle avait 100 ans.

La mort d’Ebert a été annoncée par son arrière-petit-fils Dov Forman, qui a contribué à faire d’elle un phénomène des médias sociaux au cours de ses dernières années.

« Face à une perte inimaginable, Safta s’est fait une promesse », a expliqué Forman dans une lettre au nom de la famille, utilisant le mot hébreu signifiant grand-mère. « Si elle survivait à cet enfer sur terre, elle raconterait son histoire, non pas avec colère, mais avec force, dignité et détermination à honorer ceux qui n’y sont pas parvenus. Jamais une promesse n’a été aussi profondément tenue que la sienne.

Ebert avait 20 ans lorsqu’elle fut déportée à Auschwitz en 1944, où elle fut séparée de sa mère Nina, de sa sœur cadette Berta et de son frère cadet Bela, qui furent tous envoyés dans les chambres à gaz. Lily et ses deux autres sœurs ont été transférées dans une usine de munitions à Leipzig et libérées en 1945. Après la guerre, elles se sont rendues en Suisse puis en Israël peu avant l’indépendance.

Lily a retrouvé son frère aîné, également survivant de l’Holocauste, en 1953, et a finalement vécu en Grande-Bretagne, où elle s’est installée en 1967. Elle a témoigné dans des musées et des universités et a co-écrit un livre sur son expérience avec Forman, l’un des 38 arrière-petits-enfants parmi ses descendants.

Outre les arrière-petits-enfants, Ebert laisse dans le deuil une fille et laisse dans le deuil une fille, un fils, 10 petits-enfants et un arrière-arrière-petit-enfant.

L’un de ces arrière-petits-enfants est Forman, avec qui elle a co-créé un compte TikTok pour sensibiliser les utilisateurs des réseaux sociaux à l’Holocauste et à la prévalence de l’antisémitisme. Forman avait 16 ans au moment où ils ont créé le compte en 2021 ; il compte désormais 2 millions de followers.

Au fil des années, le compte présentait Ebert montrant des plats juifs, notamment de la challah et du rugelach, célébrant diverses fêtes juives et, surtout, racontant et racontant son histoire de l’Holocauste, souvent sous la forme de tendances populaires sur la plateforme.

@lilyebert

3️⃣ questions auxquelles répond un #holocaustsurvivor 🥰 #97yearold #socute #learnontiktok #questions #askmeanything #love #history #neverforget #oldtok #fy

♬ La bombe magique (questions qu’on me pose) [Extended Mix] – Hoàng Read

Le récit montre également qu’Ebert s’est progressivement affaibli, notamment au cours de plusieurs hospitalisations. Après chacun d’eux, Forman rapportait triomphalement son retour à la santé.

Le 29 décembre dernier, à l’occasion de son 100e anniversaire, le récit citait Ebert disant : « Je n’aurais jamais pensé survivre à Auschwitz. Aujourd’hui, je fête mes 100 ans entouré de ma grande et aimante famille. Les nazis n’ont pas gagné !

Les partisans d’Ebert comprenaient des membres de la royauté britannique. Juste après son 99e anniversaire, fin 2022, elle a été honorée par le roi Charles III en tant que membre de l’Empire britannique pour son travail dans l’éducation sur l’Holocauste. L’année suivante, lorsqu’elle eut 100 ans, le roi lui envoya des fleurs pour son anniversaire.

« C’est avec la plus grande tristesse que j’ai appris ce matin la nouvelle du décès de Lily Ebert », a partagé le roi, qui a écrit l’avant-propos de son livre, dans un communiqué mercredi matin. « En tant que survivante des horreurs inavouables de l’Holocauste, je suis si fière qu’elle ait ensuite trouvé un foyer en Grande-Bretagne où elle a continué à raconter au monde les atrocités horribles dont elle avait été témoin, comme un rappel permanent pour notre génération – et, en effet, , pour les générations futures – des profondeurs de dépravation et de mal dans lesquelles l’humanité peut tomber lorsque la raison, la compassion et la vérité sont abandonnées.

Il a ajouté : « Aux côtés d’autres survivants de l’Holocauste, elle est devenue partie intégrante du tissu social de notre nation ; sa résilience et son courage extraordinaires sont un exemple pour nous tous, qui ne sera jamais oublié.

À mesure que la présence d’Ebert sur TikTok avec Forman augmentait, les deux hommes ont également été confrontés à l’antisémitisme en ligne. (Les critiques de l’application affirment qu’elle regorge d’antisémitisme incontrôlé.) En mai 2021, Ebert a publié un message souhaitant à ses abonnés un « Shabbat shalom », auquel de nombreux utilisateurs ont répondu par du spam antisémite.

La reconnaissance de sa mort mercredi a également donné lieu à des commentaires critiques. Une note de condoléances publiée sur Twitter par le Premier ministre britannique Keir Starmer, le leader travailliste modéré qui a œuvré pour débarrasser son parti de l’antisémitisme à la suite d’un scandale, a été inondée de réponses accusant le Premier ministre – qui est marié à une femme juive – d’avoir un double norme étant donné le soutien de son administration à Israël dans sa guerre contre le Hamas.

« Vous êtes complice du génocide israélien à Gaza. Il y aura aussi des survivants », a écrit un intervenant. « J’espère qu’ils vous hantent. »

Un autre commentateur a critiqué Starmer d’un point de vue opposé. « Pourtant, vous autorisez les gens qui appellent à la mort des Juifs à organiser des marches de haine chaque week-end », a écrit l’intervenant, faisant ostensiblement référence aux marches pro-palestiniennes qui ont lieu en Angleterre. « Elle aurait été dégoûtée par toi. »

C’est le genre de discorde au vitriol contre laquelle Forman et Ebert se sont prononcés dans leurs publications sur les réseaux sociaux.

« Au fil des années, l’histoire de Safta a touché des centaines de millions de personnes dans le monde, nous rappelant la résilience de l’esprit humain et les dangers d’une haine incontrôlée », indique le communiqué de la famille. « Elle nous a enseigné le pouvoir de la tolérance et de la foi, l’importance de s’exprimer et la nécessité de lutter contre les préjugés. »